Je ne suis pas religieux, même pas croyant, mais j’ai une culture catholique et ce verset (Luc 23) m’est instantanément venu à l’esprit quand j’ai appris la mise en garde à vue de Dieudonné. Certains m’objecteront qu’au contraire, les abjections sur pattes, sans âme et sans honneur, qui nous gouvernent, savent parfaitement ce qu’elles font ; je pense pour ma part que leur bêtise et leur étroitesse d’esprit (complètement décorrélées de ce Q.I. hypothétique censé, à tort, aller de pair avec la notion d’élite) sont bien réelles et ne doivent pas être sous-estimées.
Pour toute personne qui dispose non seulement de quelques neurones, mais aussi des synapses nécessaires à les relier entre eux, le commentaire de Dieudonné « je me sens Charlie Coulibaly » non seulement n’est pas une apologie du terrorisme, mais est une synthèse brillante au second, voire au troisième degré et au-delà, de toutes les interrogations posées à la fois par ces actes barbares, les réactions qu’ils ont suscitées, la récupération qui en a été faite, l’aliénation du peuple par l’émotion et les contradictions d’une liberté d’expression à géométrie variable.
Ce condensé d’interrogations profondes et salutaires aurait sa place non pas dans un tribunal, mais comme sujet de philosophie au baccalauréat.
Il est quand même curieux que le résultat de 3 millions de personnes défilant pour la liberté d’expression soit la mise en prison d’un humoriste pour délit supposé d’iconoclasme.
Tandis que les actes : violences, vols, viols, meurtres, comptes en Suisse, fraudes fiscales, falsifications de comptes de campagne et autre abus de biens sociaux font l’objet de toutes les indulgences, la parole, elle, juste de l’air qui passe entre les lèvres, est sanctionnée, selon le propriétaire desdites lèvres, avec une implacabilité qui force l’admiration.
Comment, en ces temps d’homophilie galopante, peut-on encore trouver, y compris et surtout parmi les plus enthousiastes et ceux qui, au lieu de lutter contre le chômage, se pâment à la perspective de nouvelles réformes sociétales que personne n’a demandées, autant de culs serrés.
La liberté d’expression devrait être totale, la seule chose susceptible d’être condamnée étant la diffamation, point barre !
Pour ne vexer personne, je vais parler de Schtroumpfs.
Si je dis : « je n’aime pas les Schtroumpfs ! » c’est une opinion personnelle donc : liberté d’expression. Même si je dis : « Il faut tuer les Schtroumpfs ! » c’est toujours une opinion personnelle donc : liberté d’expression. Si je dis : « les Schtroumpfs sont bêtes ! » sauf à le prouver, ce qui, en raison de l’article défini, ne me semble pas réaliste, c’est diffamatoire donc : interdit.
De la même façon, quand Closer, preuves à l’appui, oute Philippot, ce n’est pas de la diffamation donc : autorisé.
Les paroles des uns pourront heurter les autres et vice versa, mais la liberté est à ce prix. Quant à ceux qui jugent que les paroles peuvent être des incitations à la haine, ce qui revient à dire que les gens sont des crétins incapables de faire la part des choses, la logique voudrait, non pas que l’on sanctionne ou limite lesdites paroles, mais que, dans la mesure où l’on part du principe que les gens sont assez cons pour se laisser influencer, l'on s'interroge plutôt sur l’opportunité de leur laisser le droit de vote.
S’il est vrai, hélas, qu’il y a en France, répartis dans des partis politiques qui ont pour objet principal d’empêcher de réfléchir, suffisamment de cons de bonne volonté pour empêcher la remise en cause d’un système inique et mensonger, il y en a quand même moins que ce que pensent nos élites et nos énarques.