Oyez, oyez ! Gentes Dames et Gentilshommes, Damoiselles et Damoiseaux. Faites cercle, je vous prie, s’il vous agrée que je vous conte, un tout nouveau récit que la petite souris, las, depuis, en thérapie, m’a narré sur la vie d’Emmanuel et de Jean-Mi (Brigitte pour ses amis) dans le pays lointain, depuis longtemps éteint, des drapeaux arc-en-ciel et de l’argent magique. Certains esprits retors auraient vu, bien à tort, dans ma dernière allégorie, quelque hasardeuse métaphore visant un couple bien connu. Billevesées que tout cela ! Je ne saurais moquer un homme vertueux pour lequel, il l’a dit dans ses vœux, les devoirs (comprenez bien « … des autres ») prévalent sur les droits (autres que les siens propres).
Il y a donc fort, fort longtemps, dans cette contrée mythique où des mains furent arrachées, des yeux quittèrent leurs or…bites (deux choses qu’aimait bien le roi) et où roulaient parfois des têtes que les Charlies ne voyaient pas, on avait pris quelques décrets, au nom de la bienséance afin que de bannir l’humour (insolent de par sa nature) jusques à en qualifier sa plus noire version de culturelle appropriation. Il y eût été impensable que quelque pamphlet sardoniquement titrât : « Brigitte : une femme habite… à l’Elysée ! ». Quant à s’interroger sur le fait de savoir si le roi labourait encore (question pourtant point dénuée de sens dans un royaume où la paysannerie était fort mal en point) bien mal vous en eût pris. Nulle supputation n’était non plus permise quant à savoir si c’était le roi qui rentrait dans l’arène, tel l’ardent gladiateur, ou si, tel Dagobert, il portait sa culotte à l’envers. Son cheveu sur la langue n’aurait-il été, finalement, qu’un poil ? La mère Jean-Michel aurait-elle perdu son chat, comme la chanson nous le laissait entendre ? Autant de questions qui n’ont point trouvé de réponse à ce jour, pas davantage que leurs accointances avec quelque orifice mystérieux que certains historiens nomment le trou de Bâle probablement en relation avec la troisième ville la plus importante d’un pays que, jadis, on appelait la Suisse.
Le Roi était parfois confus, confondant à demi sa moitié avec un tiers, en l’occurrence Madame sa mère, tel que le colportèrent certains domestiques qui auraient, paraît-il, ouï à maintes occasions, avant que d’assister à quelque cérémonie, le monarque glisser à la reine : « tu as encore oublié tes prothèses, ma mère ! » Mais fi de ces ragots qui ne siéent guère à des personnes de qualité, d’autant qu’outre la photophobie sélective de son épouse dont elle ne fut guérie qu’à ses quarante printemps, lorsqu’elle était déjà fort usée et veule, devenant par la suite extra veule, voire, lorsqu’elle grimpait au donjon, exTRA VEULE HAUT, le Roy devait faire face, en prime (tel un doliprane, lui aussi com…primé) à quelque mal mystérieux, résultat des amours supputées d’un pangolin et d’une chauve-souris dans quelque alambic d’une lointaine contrée asiatique, le tout financé par des fonds des Amériques dans un laboratoire alchimique construit par le pays des droits de l’homme. Tous les intervenants de cette sombre histoire, d’aBUS ZEN et décomplexés (pour qui LES VIT) de finances publiques, avaient-ils un point commun ? Pour être, MesSIRES, CONCIS, je dirais qu’on ne le sut jamais.
Le roi était impécunieux et n’avait nul scrupule à vider les caisses du royaume et vendre ses fleurons moyennant quelque commission sur sa cassette personnelle. Il fut donc tout ouïe lorsqu’un renard pelé, négociant en potions, lui demanda audience.
- Voici la reine, dit le roi, présentant son épouse.
- « Bourre-la ! » répondit l’animal, précisant (le roi s’étant raidi et la reine… aussi) que tel était son nom. Sa majesté la reine est encore beau, ajouta le renard, craignant fort que le Roi n’en fît tout un fromage. J’ai là, par-devers moi, une potion à vendre qui coûtera fort cher !
- Nous guérira-t-elle de ce mal mystérieux qui nous frappe, s’enquit le roi ?
- Sire, mais vous n’y pensez pas ! « Guérir ! » Ce mot est aussi douloureux à mes protubérantes oreilles, que la vue d’un gaillard non déconstruit le pourrait être aux globes oculaires verdâtres de Dame Sandrine Rousseau. Qui guérit ne vendra qu’une fois alors qu’icelui, lorsqu’il soigne, vendra toute la vie. Pourquoi guérir le rhume quand vendre des mouchoirs fait tant enfler nos bourses ? (que sa Majesté, la Reine, me passe l’expression. Je ne la visais point). Par ailleurs, ce mal est faiblement létal et la chose ne serait point rentable. En revanche, s’il tue peu, il achève beaucoup et la grippe ayant été clémente les années précédentes, il y a, dans nos hospices, tout un stock de moribonds qui n’attend que la moisson. Plutôt que de les perdre petit à petit, il serait plus avisé d’empêcher qu’on les soignât (à trop peu de frais) avec les vieux remèdes de ce druide félon hydroxychloroquix de sorte, qu’ainsi, ils trépassassent en masse avec, pour résultat, de sidérer la populace ; le sorcier Rivotrix ayant développé quelque onguent qui pourrait, sur ce point, accélérer la tâche.
- Les gens sont sots, mais point si sots, répliqua le roi.
- Ne vous ont-ils choisi, rétorqua le renard ? Par quelle métaphore vous pourrais-je convaincre ? Imaginez que ce mal qui nous frappe fût, en fait, un tricot. Un tricot vide, bien entendu. Nous sommes en hiver et beaucoup de personnes atteintes d’afflictions diverses et variées, vont porter une laine. Il suffit que quelque mathématicien, par nous stipendié appuyé de docteurs que nous avons en poche, fasse la corrélation (quelque peu acrobatique, j’en conviens) et nous pourrons clamer qu’à l’instar des éructations de fins d’agapes à la cantine de l’assemblée, là aussi la laine est mauvaise (pour les chandails, n’en parlons point) et que ceux qui seront morts AVEC tricot le seront DU tricot ; d’autant qu’en porter avec 40 de fièvre n’aide point et que l’on trouvera toujours quelque allergique individu que la laine aura effectivement occis et dont il conviendra, aux fins d’en faire la réclame, de conter le triste sort avec moult détails à qui les voudra entendre.
- Certes, dit le roi, mais les gens concernés demeurant peu nombreux et mourant tout de go, je ne vois point comment un tel négoce pourrait, sur la durée, demeurer profitable.
- C’est bien là, votre majesté, toute la beauté de la chose. La potion ne sera point vendue aux souffrants, mais au gens bien portants pour les prévenir de contracter la pestilence. Guérir les gens des maux qui les frappent s’avère compliqué et peu rentable, mais vendre à tous ces gens (qu’un excès de bile guette, selon des gens chez Microsoft) des potions contre les maux, réels ou imaginaires, qui les pourraient frapper… les possibilités sont (à l’instar de l’écho entre les oreilles du Sieur Christophe Castaner lors d’un concert dans une cathédrale) infinies. Imaginez toutes les afflictions qui pourraient s’abattre sur un nouveau-né au cours de son existence et que, pour chaque possibilité, même infime, il existât une potion. Nous pouvons même aller plus avant et cibler carrément les damoiselles en état de grossesse. Pour rester dans ma métaphore précédente des tricots, on pourrait même imaginer que l’on introduisît aux manants, dans quelque endroit sensible, quelque long bâtonnet permettant de détecter si l’on fût en contact avec quelque tissu, de toute nature, non seulement de la laine, batônnets qui ne seraient donc fiables en aucune façon, mais qui participeraient de l’hystérie collective. Cerise sur le gâteau, nos potions contenant quelques baves de crapauds, salives de Vérans et testicules de salamandres, d’aucuns verront leur complexion gravement altérée, non point par le mal, mais derechef par le remède, sans que l’on puisse, pour autant, en imputer les effets à ce dernier. Nous pourrons ainsi vendre d’autres potions contre lesdites afflictions tout en mettant le tout sur le dos de l’épidémie que la populace redoutera encore davantage. Avant que je n’oublie, triviale broutille, pourriez-vous signer là, cette clause sibylline m’exonérant, moi et les miens, de toute responsabilité en la matière ?
- Et la mienne de responsabilité ?
- Il vous suffit de placer toutes nos tractations sous le sceau du secret de sorte que nul ne les puisse consulter avant les Calendes grecques (ou toute autre chose qui vous siéra en rapport avec les Grecs).
- Mais enfin, au bout d’un moment, les gens vont bien se rendre compte que la potion n’est point efficace et n’accomplit nul des miracles qu’on leur avait promis.
- Cela est évident sire, mais nous dirons que le mal évolue et nous affubleront chaque évolution d’un qualificatif pompeux ; pourquoi pas d’origine grecque, puisque nous venons d’évoquer ce pays ? Je n’ai nulle idée de ce que prétend me faire cette peu gente dame qui, céans, vient d’entrer, mais je suis fort certain d’avoir simplement dit : « pompeux », sans caractère exhortatif.
- Marlène, au pied ! Poursuivez, mon ami.
- Un nom destiné à susciter la peur, disais-je donc et, en attendant une nouvelle potion mieux adaptée (que nous vendrons encore plus cher), nous écoulerons les stocks de l’ancienne en clamant que, dans l’intervalle, augmenter les doses accroit son efficacité.
- Et si les gens tombent malades en dépit de la potion.
- Point d’inquiétude sire, nous ferons valoir qu’elle protège contre les formes les plus graves.
- Et si les gens meurent quand-même ?
- Nous dirons que la faute en incombe à ceux qui n’auront pas pris le nombre croissant de doses que nous leur imposerons. Vos hospices (que vous avez laissé péricliter pour grapiller quelques écus) sont peu nombreux et disposent de peu de places que nous accuserons ceux qui refusent la potion de monopoliser indûment, les rendant responsables de la mort des autres. Sous peu les gens se battront entre eux au lieu de lutter contre vous et les plus niais vous regarderont même avec reconnaissance. A la quinzième dose, la potion aura tellement perturbé leur système immunitaire que ce dernier ne pourra plus les protéger sans elle et nous auront une rente à vie. Pour que l’affaire fonctionne, il est cependant primordial de d’abord traumatiser les gueux en les confinant à domicile, puis, sous la menace perpétuelle de devoir recommencer, d’imposer progressivement des restrictions de plus en plus ridicules en donnant des ordres contradictoires, afin que, désorientés, il ne leur reste plus de sens commun. Par ailleurs, il faudra leur imposer un signe de soumission ostentatoire qui, à défaut de cadavres jonchant les routes, leur rappellera constamment qu’ils sont en épidémie, le peuple ayant l’oubli facile.
- Un plug anal ? plaisanta la Reine qui n’avait rien perdu de la conversation.
- Un masque me semble plus indiqué, suggéra le renard.
- Et bien trinquons, dit le roi !
- Point de vin pour moi, s’excusa l’animal, car j’ai souvent tendance à trouver le raisin bien trop vert.
Nul ne sait si le conciliabule s’est effectivement passé ainsi et, à propos de con s’il y a bulle, si même le pape de l’époque, un certain Imbroglio, lequel, à l’instar de toutes les nations environnantes, avait encouragé la chose, était partie prenante à l’affaire. Toujours est-il que lorsque les morts furent peu nombreux, on cessa de les compter pour compter les malades et que lorsque les malades se révélèrent, en pourcentage, n’être point ce torrent qu’on aurait pu attendre, grâce aux tests, on se mit à compter les cas. S’en suivit donc, non point une épidémie de morts, non point une épidémie de malades, mais, pour la première fois dans l’histoire, une épidémie de cas : cacophonies, cacas nerveux et Castex pour ne citer que les pires. Le roi, devenu surfeur en chef, chevauchait les vagues successives que partout des héraults, avec tambours et trompettes, annonçaient sur les places, les foires et les marchés et moins les gens mourraient plus le peuple tremblait. On le pourrait, pour cela, cent fois maudire, si ce n’est que la Dame Pécresse et la Dame Hidalgo accompagnées du Sieur Jadot qui, tous les trois le voulaient renverser, clamaient bien haut et fort qu’il fallait faire pire et que certains moutons étaient prêts à les suivre. Mais ceci est une autre histoire.
A votre bon cœur, Gentilshommes et gentes Dames, Damoiselles et Damoiseaux.
Trop fort l'ami-the , merci j'ai bien rit, mais dommage que tout est réel
RépondreSupprimerBravo, comme tout ceci est amusamment bien dit et écris !!
RépondreSupprimerQu'en de termes éloquents la vie politique française est bien décrite. Merci
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