Ce qui me gêne dans le concept de racisme, c'est la croyance idiote sous-jacente qu'il s'agit d'une maladie touchant les méchants et les simples d'esprit tandis que les gentils (souvent à gauche et autoproclamés) ne sont qu’amour et tolérance.
L’être humain est programmé pour protéger son territoire et se méfier du nouveau venu. Quand vous allez chez le dentiste, ne me faites pas croire que, dans la salle d’attente, vous ne laissez pas une chaise vide entre vous et les autres si vous en avez la possibilité, ou que dans l’ascenseur, vous ne choisissez pas le coin opposé aux personnes déjà présentes.
On ne peut pas admettre que l’autre est potentiellement une chance d’élargir notre horizon sans admettre qu’il est aussi potentiellement un danger. A l’heure où le principe de précaution est omniprésent (sur le papier tout au moins) en matière de règles sanitaires, l’application du même principe en matière de règles sociales est perçu par certains, de manière totalement schizophrène, comme un manque abject d’humanité.
Au risque de choquer, la méfiance vis-à-vis de l’autre est une chose naturelle. Ils ne sont pas nombreux les gens capables de sauter au plafond, transportés de joie, quand ils doivent accueillir dans leur famille, sous forme de genre ou de bru, quelqu’un d’une autre race, d’une autre religion, d’un autre milieu social, voire un cumulard qui rentre dans plusieurs de ces catégories à la fois.
Dépasser ses instincts demande un travail sur soi de tous les instants. La tolérance (à ne pas confondre avec la soumission ou l’aveuglement) est une chose vers laquelle on tend sans jamais l’atteindre, qui honore ceux qui font ce travail lequel présuppose la prise de conscience, en toute humilité, de son humanité et de ses limites. Ce travail est d’autant plus ingrat qu’il ne se voit pas. Personne ne peut se prétendre « non raciste » et le prouver de manière indiscutable.
Au contraire, « l’antiracisme » se mesure facilement au nombre de procès intentés, aux accusations et insultes proférées. Dans le système pervers d’inversion des valeurs qui est le nôtre, on oublie facilement que traiter les autres de racistes ne prouve en aucun cas qu’on en n’est pas un soi-même, de même que l’appartenance à une minorité victime d’ostracisme ne signifie pas pour autant que l’on aime son prochain comme soi-même.
Compte tenu du fait qu’être « anti » quelque chose suppose au départ une prédisposition au rejet, on pourrait même adhérer à l’adage populaire qui dit que « c’est la poule qui chante qui pond l’œuf », considérant que dans une assemblée c’est généralement celui qui se plaint de l’odeur qui a laissé échapper ce mélange de dioxyde de carbone, de méthane et d’hydrogène vulgairement appelé pet.
C’est une opinion personnelle, mais je perçois plus de haine dans les positions de SOS racisme, du CRIF ou de Mélanchon que dans celles exprimées par Marine Le Pen.
Et puis, poussons la logique jusqu’au bout. Si demain, le remède à la leucémie venait à être découvert en Afrique du Sud, quel serait votre premier réflexe : l’administrer à votre enfant et dire merci, ou vérifier d’abord si le chercheur qui a fait la découverte ne serait pas, par hasard, un infâme partisan de l’apartheid ?
C’est exactement ce que nous faisons chaque fois que nous refusons d’examiner une proposition en raison des convictions réelles ou supposées de la personne qui l’a émise. C’est aussi con que de dire que DSK est un mauvais économiste parce qu’il aime les partouzes et les femmes de chambre. C’est voir un monde en deux couleurs, tout blanc ou tout noir et méconnaître le principe millénaire du Ying et du Yang.
Mais comment retrouver une souplesse du raisonnement et admettre qu’il y a du bien dans le mal et du mal dans le bien dans une société basée sur une sacralisation émotionnelle de la Shoah avec pour conséquence la définition sans appel du mal absolu et du bien par opposition ? Un bien au nom duquel on a tué des centaines de milliers d'enfants en Irak, Afghanistan, Libye sans que ça ne fasse tousser quiconque.
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