Même si, j’en suis persuadé, il existe des individus pervertis au-delà de l’humain, la majorité d’entre nous conserve quelque part, au moins sous forme embryonnaire, cette notion élémentaire du bien et du mal qui prend sa source bien au-delà des dogmes et de la morale.
Force est de constater que même certains de ces journalistes que je critique souvent, saisissent de temps à autre une occasion de soulager à peu de risque leur conscience par une petite phrase, un lapsus, une remarque ou une affirmation déguisée en question qui dénoncent le système.
Leur façon à eux de dire : « j’ai besoin de bouffer (et d’avoir une piscine dans ma maison de campagne), mais si les choses bougent et que le rapport de force s’équilibre, je suis prêt à le faire pencher du bon côté car à trop m’asseoir sur la déontologie, j’en ai comme des hémorroïdes morales.»
Ces gens se manifestent plutôt à la radio, la télé recrutant exclusivement parmi les plus talentueux à se soumettre ou les trop cons pour comprendre (l’un n’excluant malheureusement pas l’autre), ce qui provoque parfois une pathologie référencée par de plus en plus de thérapeutes sous le vocable «d’aphatie» mentale canalplusienne.
Des fonctionnaires zélés de la pensée unique qui, dans un commun effort, mettront toujours un point de déshonneur à être, sinon plus royalistes que le roi, en tout cas plus européistes qu’Attali lequel, et c’est révélateur, n’est qu’à une inversion de voyelles près de la faculté qu'ont les huns à la place des autres d’empêcher l’herbe de repousser partout où ils passent (ce qui ne serait pas souhaitable car c'est un homme qui voyage beaucoup).
En outre, en raison des projecteurs braqués sur elle, la piste aux étoiles cathodique ne laisse aucune marge de manœuvre aux improbables qui auraient pu miraculeusement passer entre les mailles. Comme disait Coluche : «A la télé ils disent rien: c’est normal y a trop de gens qui regardent!»
Tout ça pour dire que ces derniers jours, j’ai été réveillé au son d’une radio nationale coup sur coup par une interview gentillette du Front National et une chronique assez honnête sur la situation internationale, au point que je me suis demandé si je n’étais pas en train de rêver que je m’étais réveillé.
Ce matin, hélas, la même chroniqueuse, les doigts probablement encore endoloris des coups de règle reçus, a cru bon de faire un peu de zèle, l'air de rien, sur les droits de l’homme en Russie, pays redevenu du jour au lendemain, comme vous l'avez sans doute remarqué, une infâme dictature.
Bien sûr, seuls de pervers complôtistes pourraient voir dans cette chute en disgrâce diplomatique un lien quelconque avec le fait que, contrairement à ces lieux de sérénité et de tolérance que sont, entre autres, le Qatar et l'Arabie Saoudite, Poutine ne fait pas vraiment avancer l’annexion stratégique de la Syrie et de l’Iran programmée par les gentils démocrates si prompts à défendre les droits de l'homme .. à pomper du pétrole pour leur compte.
Ce qui est pervers ce n’est pas tant les dénonciations, parfois justifiées, et certains mensonges repris en boucle à l’unisson sans prendre la peine de vérifier, que le « deux poids deux mesures ». A quand la chronique enflammée sur les États-Unis qui ont fait rien moins qu'avaliser entre autres et en dépit d’un président « prix Nobel de la Paix » : l’assassinat politique, l’espionnage systématique, la torture (sous réserve quand même qu’elle ne laisse pas de traces physiques) et l’emprisonnement sans procès de tout citoyen pour une durée indéterminée…?
Preuve, au passage, s'il en était besoin, que si elle veut s'en donner la peine, la gauche peut faire largement aussi bien que la droite...
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