Bonjour, manifester là où on nous dit de le faire, entourés de CRS, en tenant des petites pancartes et en bouffant des merguez est à peu près aussi efficace que le sont les petites bougies pour arrêter le terrorisme. Même si Macron rime avec tout un lexique d'expressions colorées, les slogans qu'on en fait et qu'on hurle au mégaphone, au mieux lui en touchent une, mais sans faire bouger l'autre, comme dirait un Jacques Chirac dont le titre de champion intergalactique toutes catégories de foutage de gueule commence à être sérieusement menacé. Les agriculteurs chatouillent de près le rhinocéros blanc dans la liste des espèces en voie de disparition et les quelques autres professions capables de bloquer le pays sont tellement financièrement exsangues qu'elles ne peuvent plus guère tenir la distance que le temps de se faire haïr par le reste de la population et peuvent, au mieux, espérer sauver l'honneur en repartant, la queue entre les jambes, avec des miettes symboliques qui ne compensent même pas leur perte de salaire. Toutes ces actions inefficaces sont bien sûr pilotées et organisées par des syndicats qui font semblant de ne pas savoir que ça ne marche pas et qui font leur boulot consistant à épuiser l'énergie et les finances et des braves couil... gens qu'ils entraînent sur le bitume en répétant autant de fois que nécessaire l'opération pour que des journaux bien rodés à la manœuvre puissent titrer que le "mouvement" s'essouffle, sifflant la fin de la récréation et enfonçant le dernier clou dans le cercueil du défaitisme ambiant. Je sais très bien, pour en côtoyer tous les jours et pour, au siècle dernier, en avoir très brièvement été un moi-même, le temps de comprendre l'escroquerie, que nombre de syndicalistes sont de braves gens tout à fait sincères. Il n'en demeure pas moins que la seule explication logique des errements des organisations dans lesquelles ils militent, est qu'elles sont rien moins que vendues au système. Les exemples ne manquent pas de ces défenseurs des pauvres et des opprimés recasés dans des prébendes pas trop fatigantes et bien payées, probablement pour les remercier d'avoir tellement emmerdé le gouvernement. Quand on pense à l'ancien secrétaire général de la CGT, débarqué après le scandale de la rénovation de son bureau pour plus de 60 000 euros, puis de son appartement de fonction pour plus de 100 000, bombardé à la tête de l'agencé de lutte contre l'illettrisme, ou cet ancien secrétaire général de la CFDT nommé inspecteur à l'inspection générale des affaires sociales IGAS, ou encore le secrétaire confédéral chargé de l'emploi à FO, et fortement impliqué dans les négociations sur la loi travail, nommé à la même IGAS, avant de devenir conseiller de l'actuel gouvernement. Que dire, en outre, de leur position sur l'immigration, alignée sur celle du grand patronat et de la finance spéculative, quand on sait comment ladite immigration a été, et est encore, utilisée pour peser à la baisse sur les salaires et que, dépassé un seuil raisonnable, elle est en concurrence frontale avec les personnes les plus précaires et les étudiants pauvres pour les boulots peu qualifiés. Sans même parler de leurs pamphlets réguliers de soutien aux migrants et aux immigrés clandestins, rebaptisés "sans-papiers", ce qui doit considérablement les gêner dans les toilettes publiques, le tout au nom d'une idéologie de pseudo- gauche sociétale qui n'a plus rien à voir avec une idéologie de lutte des classes laquelle, au moins, avait encore deux sous de cohérence et de logique. Le pompon de l'incohérence et de la malhonnêteté intellectuelle reste quand même d'avoir creusé eux-mêmes le trou macronesque dans lequel nous sommes tous tombés et de venir ramener leur fraise après. Se comportant, alors que ce n'est pas leur rôle, comme des partis politiques, ils ont, entre les deux tours de la présidentielle, littéralement spammé ma boîte mail professionnelle de tracts hystériques appelant à voter Macron, lequel pourtant annonçait sans ambages le massacre à la tronçonneuse du code du travail, au motif de lutter contre la bête immonde Marine Le Pen dont un des chevaux de bataille, sur le papier en tout cas, était la défense des acquis sociaux. Certes, au vu du débat calamiteux et de la médiocrité dont elle fait preuve depuis, avec une constance admirable, ce qui la place, ni plus ni moins, dans la droite ligne de tous les pantins vendus ou incompétents qui nous dirigent depuis des années en cumulant les bons "istes" : atlantistes, mondialistes, droits-de-l'hommistes, capitalistes, sionistes et même un peu violonistes et "pipeautistes", on peut leur concéder que rien, dans le choix proposé, n'était de nature à ravir les masses, mais entre une certitude et une probabilité, entre être sûrs de se faire passer au presse-purée par Macron et les supputations gratuites, relevant de l'exégèse et du fantasme idéologique, il n'y avait pas photo s'ils avaient eu vraiment à cœur l'intérêt des salariés. Bien-sûr, toute honte bue, profitant du fait que le ridicule ne tue plus en France, après leur bronzette estivale et un pari, peut-être pas si stupide que ça, sur la mémoire de poisson rouge des masses, les voilà qui sortent leur indignation à géométrie variable et leurs petites pancartes de la naphtaline et demandent, vent debout contre celui qu'ils ont fait élire en connaissance de cause, à de braves... gens, principalement des fonctionnaires, de perdre des journées de travail qu'ils devront rattraper, en mettant les bouchées doubles, faisant faire autant d'économies à un État jupitérien qui rigole, en les traitant de fainéants. Pendant ce temps, ceux qui se pavanent, l'air grave, en tête de cortèges totalement et répétitivement inefficaces sont payés, eux, puisque c'est leur job de manifester et cela ne m'étonnerait même pas qu'ils touchent des primes exceptionnelles où se gavent, à cette occasion, de frais de déplacement pharaoniques. Les baisés, comptez-vous ! Contrairement aux idées reçues, les syndicats, dont les financements sont loin d'être limpides, ne sont pas, comme on pourrait naïvement le croire, l'alpha et l'oméga des avancées sociales. Beaucoup d'entre-elles, je vous mets la page Wikipédia, ont été faites sans intervention syndicale, souvent d'ailleurs pour des raisons moins généreuses qu'il n'y paraît et même en 1936 ce n'est pas, comme elle le clame, la CGT qui est à l'origine des grèves spontanées qui ont paralysé le pays en mai-juin et obtenu, entre autres, les premiers congés payés, dont une partie a été immédiatement repiquée en récupération de jours fériés. En revanche, elle a été utilisée pour phagocyter et arrêter le mouvement, faisant sienne les mots de Torres, adoptés depuis par tous les syndicats : "il faut savoir arrêter une grève !" Les grèves quand elles marchaient, c'est à dire quand les choses vitales étaient produites localement et que le mondialisme n'avait pas encore rendu tout le monde remplaçable et délocalisable, étaient des luttes à mort et jusqu’au-boutistes, menées par des gens désespérés et toujours susceptibles de dégénérer en émeute, révolte, voire révolution. Les syndicats, sauf quand ils sont infiltrés et utilisés, comme en 68 et d'autres révolutions colorées de par le Monde, comme forces de déstabilisation des pays, ont toujours, au contraire, été utilisés pour éviter des déstabilisations qui ne servent pas le système et canaliser les colères vers des voies de garage en négociant, pour amuser la galerie, quelques centimes donnés de la main gauche, tandis que la droite récupérait quelques euros en taxes diverses et variées. "Victoire camarades, on voulait nous la mettre profond, mais nous avons réussi à négocier une pénétration de seulement dix centimètres." Comme on pourrait, à juste titre, me dire que la critique est aisée mais que l'art est difficile, je veux faire également une proposition constructive, car j'ai la solution pour faire abroger les ordonnances. Au lieu de faire perdre des sous pour rien à des centaines de milliers de personnes, je suggère aux seuls secrétaires généraux de se réunir en intersyndicale, à quatre ou cinq, plus si affinités, de choisir un lieu, privé pour qu'on ne puisse pas les expulser, mais visible de la rue, et d'installer une caméra avec un fil internet 24 heures sur 24, sur périscope par exemple. Puis d'enfiler une robe de bure pour le symbole et de rester dehors, à genoux, les bras en croix, sous les intempéries, en faisant une grève de la faim et de la soif jusqu'au retrait des dites ordonnances. Ce serait du pain béni pour les médias, surtout s'il pleut pour l'effet dramatique. Macron étant un pragmatique il en laissera sûrement crever un pour tester si c'est du bluff ensuite, la créature médiatique qui l'habite, se dépêchera de faire marche-arrière, conscient que les manifestations qui suivraient d'autres décès se feraient avec des fourches et que les manifestants, galvanisés et fous de rage, bifurqueraient vers l’Élisée, d'autant plus que les CRS, complètement au bout du rouleau, pourraient être tentés de les laisser faire. Je vous garantis que si ces hauts-responsables syndicaux faisaient ça, pourquoi pas rejoints par un Mélenchon, lui aussi amateur de manifs (à condition de pouvoir s'y rendre en business-class) et d'une Marine Le Pen qui aurait un blason à redorer, tout ce beau monde mettant, enfin, ses actes en adéquation avec ses convictions verbales et ses intonations guerrières, les adhésions exploseraient et que je serai moi-même le premier dans la file d'attente. Allez, on dit chiche ? 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