Vous êtes nombreux à me demander : "comment ça marche votre démocratie directe ? Pouvez-vous m'expliquer en détail le fonctionnement ?" Permettez-moi d'en profiter pour mettre les choses au clair. J'ai une idée très précise et une vision claire de la façon dont tout ça pourrait fonctionner et s'articuler et je pourrais très bien, d'ores et déjà, développer un prototype, tout seul dans mon coin, avec mes petits doigts, que je vous livrerais, clé en main, en quelque sorte, en vous disant que c'est la panacée universelle. Cela fonctionnerait parfaitement... dans un monde où tout le monde penserait comme moi. La première chose qu'on apprend en informatique c'est que, même si vous développez une application avec, au milieu, un énorme bouton rouge avec écrit dessus, en clignotant, "cliquez ici!", il va toujours se trouver quelqu'un pour faire autre chose et ça va planter tout votre programme. Au bout du compte, vous aurez produit quelque chose de parfait sur le papier, mais qui a de fortes chances de partir en cacahuète à la première utilisation. En outre, il serait malhonnête de ma part de vous vendre un concept fédérateur sans le confronter à la réalité et aux limites et aux choix qu'elle nous impose. C'est déjà ce que font tous les partis politiques, qui vous vendent du rêve, et c'est justement ce à quoi je m'oppose. Contrairement à eux, mon but n'est pas d'attirer le plus grand nombre possible en jouant sur les bons sentiments, mais, au contraire, d'expliquer au plus grand nombre les tenants et les aboutissants du projet, y compris ses aspects les plus polémiques, afin de m'assurer que la majorité d'entre vous est bien d'accord avec moi, et est consciente de ce à quoi elle peut s'attendre. Pour que la démocratie directe fonctionne, un certain nombre de prérequis est nécessaire et certaines problématiques, qui n'ont rien à voir avec l'informatique, doivent être abordées, afin de déterminer les contours du projet et d'être sûrs qu'il soit à la fois réaliste et adapté aux souhaits de la majorité. Tant que cette étape n'a pas été franchie, commencer à coder quelque chose ne serait qu'une perte de temps et, croyez-moi ou non, mais j'ai une vie et perdre mon temps est un luxe que je ne peux me permettre qu'à doses très homéopathiques. Je n'ai rien à gagner donc, rien à vous vendre. Le but n'est pas de créer un gadget inutile et utopique de plus mais de faire quelque chose qui marche, et c'est là que ça se complique car, si tout le monde est d'accord sur les grandes idées, dès que l'on rentre dans les détails, c'est une toute autre histoire. Parmi les prérequis, il en est deux qui me semblent essentiels et dont l'un découle de l'autre : une information de qualité qui permette d'éviter les manipulations de masse et l'oblitération du bon sens général, auquel je crois profondément, et la liberté d'expression sans laquelle aucune discussion constructive n'est possible. Je reviendrai dans une autre vidéo sur la problématique de l'information, et je vous propose de faire un point, aujourd'hui, sur la liberté d'expression dans ce pays. Sur le principe, je suppose que tout le monde, parmi vous tout au moins, est pour la liberté d'expression. En même temps, tant dans vos commentaires que dans les remarques que me font les gens que je croise, on exprime une inquiétude quant au fait que je pourrais avoir des ennuis. Je vous remercie au passage pour votre sollicitude. Ce faisant, vous avez tous acté, inconsciemment en tout cas, qu'il y à un véritable problème de liberté d'expression dans ce pays, qui nous pousse tous à une dose non négligeable d'autocensure, au point que vous pensez, et vous n'avez peut-être pas tort, que quelqu'un pourrait avoir des ennuis alors qu'il ne pratique aucun ostracisme (politique, ethnique ou religieux), prône l'unité au lieu de la division, ne prône pas la violence et cherche, au contraire, à éviter un bain de sang, malheureusement prévisible, et que sa seule revendication est : plus de démocratie. Je vais donc m'aventurer sur un terrain visiblement miné avec, pour seule boussole, un peu de logique et de bon sens, afin d'essayer d'identifier certaines des causes les plus flagrantes de la problématique de sorte qu'elles soient claires pour ceux d'entre vous qui ne les auraient pas déjà identifiées par eux- mêmes. Comme toujours, je ne prétends pas détenir la vérité, aussi n'hésitez pas à me faire part de vos arguments si vous pensez différemment, ce projet ne pouvant voir le jour que s'il reçoit l'assentiment d'une large majorité d'entre vous. Il y a, grosso modo, deux façons d'appréhender les choses : à l'orientale, le fameux "Ying et Yang", rien n'est tout blanc, rien n'est tout noir, et, à l'occidentale, qui est une vision beaucoup plus manichéenne. Comme toujours, ces deux visions ne sont pas opposées, mais complémentaires. Le problème est quand on vous présente des choses qui ne le sont pas, de façon manichéenne, et des choses manichéennes, de façon nuancée. Par exemple, les notions de gentils et de méchants, contrairement à ce qu'on essaie souvent de nous faire croire, notamment en géopolitique, sont tout à fait relatives. Prenez une lionne, par exemple. Pour ses lionceaux, elle sera la gentille maman qui leur apporte du gnou pour les nourrir. Pour les bébés gnous, c'est le monstre sanguinaire qui a égorgé leur mère devant leurs yeux. Il faut toujours garder ça en tête quand quelqu'un désigne pour vous les méchants et les gentils. En revanche, il est des choses qui sont parfaitement binaires. On dit rarement de quelqu'un, qu'il est un peu mort, ou d'une femme, qu'elle est un peu enceinte car ça n'a aucun sens. C'est pareil pour la liberté d'expression : on l'a ou on ne l'a pas. Et autant la liberté "tout-court" est un idéal et une utopie inatteignable, ne serait-ce que parce que la liberté des gens commence où s'arrête celle des autres, autant la liberté d'expression est un objectif parfaitement raisonnable, et je dirais même, un minimum absolu, pour qu'un pays puisse seulement revendiquer le terme démocratie. Il est donc clair que la moindre entorse à la liberté d'expression tue la liberté d'expression, même si ces attaques dégoulinent de bonnes intentions et sont perpétrées au nom de causes louables : lutte contre le terrorisme, contre la pédophilie, contre le racisme, contre l'antisémitisme... Avec le recul on peut constater qu'aucune de ces lois n'a prouvé son efficacité. Surtout, qu'en regard, les mesures réellement efficaces pour traiter ces problématiques n'ont jamais été prises. En fait, elles servent surtout d'alibi à l'exécutif pour donner l'impression qu'il fait quelque chose. En revanche, leurs effets pervers sont facilement démontrables. Prenons, par exemple, la fameuse loi Gayssot, car c'est elle qui a ouvert la porte par laquelle se sont engouffrées toutes les autres. Encore une fois, je ne conteste pas les problématiques auxquelles elle prétend remédier et probablement que le brave député communiste Gayssot était pétri de bonnes intentions. Je précise "communiste" car, ceci expliquant peut-être cela, c'est un fait facilement démontrable que la liberté d'expression, sauf lorsqu'elle leur est refusée à eux, n'est pas la priorité première de certains tenants de cette idéologie. Encore une fois, comprenez-moi bien, il ne s'agit pas d'une considération politique. Je suis sûr que Marx et Engels n'avaient pas anticipé Lénine ou Mao Tsé Toung, de même que les théoriciens du capitalisme, lequel ne visait pas initialement à la captation des richesses par une minorité, mais au contraire, à la création de richesses dans le but d'en assurer une redistribution naturelle, se retourneraient aussi dans leur tombe. Gardez bien en tête que, tant que l'on restera dans un système pyramidal, toute idée politique sera pervertie et détournée. Revenons donc à cette loi Gayssot. Comment dans un pays, dont le triptyque fondateur commence par "liberté", peut-on édicter une loi qui entrave ce principe-même, sans utiliser un référendum ? En dépit des nombreuses pétitions, venues de tous les horizons, des questions prioritaires de constitutionnalité et autres, on s'est toujours refusés à nous demander notre avis sur le sujet. En outre, cette loi est vexante car elle découle de l'idée que nous sommes la plèbe, une entité idiote et manipulable, qui a besoin d'une élite, par définition plus intelligente qu'elle, pour la protéger de ses bas instincts et de ce manque de discernement si caractéristiques de la piétaille que nous sommes. On ne va quand même pas laisser les enfants jouer avec les allumettes. Est-ce qu'au moins cette loi fonctionne ? On dispose maintenant d'un recul de 26 ans pour évaluer ses effets. Le racisme et l'antisémitisme ont-ils reculé en France ? Les théories révisionnistes ont-elles été éradiquées ? On peut même procéder de façon plus scientifique puisque nous disposons d'un élément de comparaison. Si l'on considère que la France et démocratique, on peut considérer que les États-Unis le sont aussi. Les États-Unis ont ceci de particulier que leur premier amendement, qui sanctuarise la liberté d'expression, rend impossible une loi de ce type : "Le congrès ne pourra faire aucune loi concernant l'établissement d'une religion ou interdisant son libre exercice, restreignant la liberté de parole ou de la presse, ou touchant au droit des citoyens de s'assembler paisiblement et d'adresser des pétitions au gouvernement pour le redressement de leurs griefs." C'est pas beau ça ? Quelle a été la conséquence ? On peut y trouver quelques sites web où une poignée de marginaux s'échange des svastikas et sur lesquels le pot de chambre d’Hitler, avec les restes pétrifiés de son dernier repas, trouverait certainement preneur. Aussi, quelques sites révisionnistes sur lesquels quelques passionnés se bagarrent avec les défenseurs, nos moins passionnés, de la Shoah, dans l'indifférence générale des 99,9% de la population qui reste, et qui vit au 21ème siècle, à l'exception, peut-être, de l'industrie hollywoodienne qui nous met des nazis à toutes les sauces, entre des zombies, des vampires et des lycanthropes. Pour autant, même en tendant l'oreille, on n'entend pas des bruits de bottes sur le pavé. La population juive, plus nombreuse qu'en France, n'y vit pas plus mal. Elle dispose d'un lobby officiel l'AIPAC qui a une grande influence sur le congrès, et qui est un passage obligé de tous les candidats à la présidence, Trump compris. Une foultitude de présentateurs vedettes, d'acteurs, de comiques, revendiquent fièrement leur judéité sans que cela nuise à leur audience où leur popularité... En comparaison, je ne vois pas quel "plus" la loi Gayssot nous a apporté, en dehors d'une énorme entorse à la liberté d'expression. Concernant ses effets pervers, en revanche, on peut constater que les idées révisionnistes, contre lesquelles elle prétend lutter, ont le vent en poupe, tapez "Vincent Reynouard" sur Google si vous ne me croyez pas, car on ne lutte pas contre des idées en mettant des gens en prison et en créant des martyrs. Ce n'est pas, et ça n'a jamais été, la bonne méthode. En plus, cette loi rend les gens fainéants car il est plus facile et rapide de sortir de sa poche la loi Gayssot que de développer un long argumentaire. C'est devenu tellement pratique que n'importe quel débat, même sur la culture des doryphores en Papouasie Occidentale, finit inévitablement par des accusations d'antisémitisme, ou une "reductio ad Hitlerum", si l'un des deux locuteurs se trouve se trouve en difficulté. On appelle ça un point "Godwin". Faites le test entre amis. La prochaine fois que vous regarderez un débat politique, prenez un chronomètre et mesurez le temps avant que ça arrive. Vous allez être surpris. Du coup, on reste scotchés dans les années trente. Si on avait voté cette loi après la Saint- Barthélémy, les catholiques et les protestants se regarderaient encore en chiens de faïence et ces derniers seraient devenus compétent paranoïaques et penseraient toujours que tout le monde veut les tuer. Un pays qui n'a plus sa totale liberté d'expression devient toujours l'esclave d'une idéologie et finit toujours par agir à l'encontre de l'intérêt général qui reste, dès que l'on creuse un peu, notre motivation collective première. C'est la liberté d'expression qui permet à la volonté populaire d'être l'arbitre de sa propre destinée. Voyons ce qui se passe en France depuis que, loi après loi, cet arbitre n'a plus totalement la possibilité de s'exprimer. Puisque l'on parle d'arbitre et que l'euro 2016 pointe le bout de son nez, imaginons un terrain de football. Tout le monde est en tenue de footballeur, joue avec le même ballon rond, respecte les mêmes règles et reconnaît l'autorité de l'arbitre. De tout temps, de nombreux joueurs de foot, de toutes origines, sont rentrés sur le terrain et tout le monde a continué à jouer au foot, sans que cela ne pose de problème. Un beau jour, ont commencé à arriver quelques joueurs de rugby. L'arbitré a sifflé et leur a dit : "ici on joue au foot donc, si vous voulez jouer, bienvenue, pas de problème, on vous fournit l'équipement et on vous explique les règles. Comme ils n'étaient pas nombreux, ils ont accepté. Certains se sont mis à aimer réellement le foot et sont devenus de vrais footballeurs et d'autres, tout en jouant, parce qu'ils n'avaient pas le choix, se disaient que, quand même, ils préféreraient jouer au rugby. On a fini par édicter des lois qui remettaient en cause la légitimité de l'arbitre et un beau jour, certains joueurs qui voulaient jouer au rugby, et qui commençaient à être un peu plus nombreux, ont commencé à prendre le ballon avec les mains. L'arbitre pensait bien qu'il y avait faute mais il n'avait plus le droit de le dire. Comme ils ont vu qu'il ne se passait rien, ils ont continué à appliquer, de plus en plus, les règles du rugby. Voyant cela, les nouveaux rugbymen qui arrivaient en masse, parce que chez eux le terrain était déjà occupé par l'équipe A et qu'on ne les laissait jamais jouer, ont carrément refusé de mettre une tenue de football et ont fini par exiger un ballon ovale. Au début, les joueurs de foot ont continué à jouer au foot, même s'ils commençaient à râler de perdre parce qu'ils n'avaient pas le droit d'utiliser les mains et trouvaient les plaquages un peu rudes quand même. Certains se sont dit :"Bon, c'est pas grave. Le terrain est grand. On va continuer à jouer au foot entre nous, libre à eux de jouer au rugby si ça leur fait plaisir. Je vous laisse imaginer ce que ça donne quand deux équipes de foot et deux équipes de rugby jouent un match, en même temps, sur le même terrain. Il faut bien comprendre que les rugbymen sont plus nombreux, par équipe, au lieu de 11, qu'ils sont plus habitués aux coups et aux contacts physiques et qu'en plus, ils ont des piliers qui sont difficiles à arrêter une fois lancés. Qu'est-ce que vous croyez qu'il va se passer quand les joueurs de rugby décideront que les joueurs de foot, finalement, les gênent et que, soit ils se mettent au rugby, soit ils quittent le terrain ? Si on est, comme moi, un ardent défenseur de la diversité, on n'a pas envie qu'il n'y ait plus sur la planète que des terrains de rugby. Sans compter que les joueurs de rugby ont pris de mauvaises habitudes au contact des footballeurs et que le rugby qu'ils jouent n'est plus tout à fait du vrai rugby. On risque donc de pervertir le rugby lui aussi. J'ai confiance dans le bon sens commun et, tout ce que je dis, c'est qu'il faut redonner ses prérogatives à l'arbitre. Il faut donc sanctuariser la liberté d'expression si l'on veut pouvoir mettre en place une démocratie directe et, accessoirement, avoir encore un pays dans lequel l'appliquer. C'est incontournable. Vous avez le droit de penser différemment, auquel cas faites-le savoir et proposez une alternative car, personnellement, sans la liberté d'expression laquelle, et il faut savoir l'accepter, pourrait conduire à des choses avec lesquelles vous n'êtes peut-être pas d'accord, et moi non plus, je ne sais pas faire. Gardez toujours à l'esprit, cependant, que l'enfer est pavé de bonnes intentions. Donc, en résumé, tel que je le vois, prérequis numéro 1 : la mise en place d'une démocratie directe, ne serait-ce que pour pouvoir débattre sereinement et aller au fond des choses sur n'importe quel sujet, implique la défense d'une absolue liberté d'expression, avec toutes les implications que cela suppose. Est-ce que vous êtes d'accord avec ça ? Je vous laisse y réfléchir. Tant que j'y suis, pensez à liker et à partager au maximum la première vidéo "si on les mettait tous au chômage" qui sert de thermomètre pour mesurer le soutien à ce projet et permettra de lui donner sa chance de s'imposer comme une évidence dans la sphère publique. On n'a plus besoin d'eux. Si vous le décidez, grâce aux nouvelles technologies, on peut nous-même proposer, discuter et voter nos lois et plus encore. Contribuez à la révolution numérique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire